DAAU sans frontières
Quand le classique mène à l’anarchie, cela produit un univers musical de toute beauté. Pas étonnant que Bjôrk ait choisi ces quatre adorables Flamands pour lui ouvrir la voie
Sophie Bernard
On murmure que c’est Bjôrk en personne qui a exigé que DAAU la précède sur la scène de l’Auditorium Stravinski. Ce que les quatre garçons de ce groupe d’Anvers sont bien en peine de confirmer. Ils n’ont jamais rencontré la prodigieuse Islandaise. Toujours est-il que ce n’est pas un hasard si Bjiirk les a choisis.
Leurs univers musicaux sont en correspondance. Mais, à l’image de tant de groupes actuels, DAAU ne souffre aucune étiquette. De formation musicale classique, Han Stube (clarinette), Buni et Simon Lenski (violon et violoncelle) , Roel Van Camp (accordéon) ont été bercés par Bartôk et Stravinski. Jusqu’au jour où, renonçant à terminer leur formation académique, ils ont souhaité sortir du carcan classique.
«Dès lors, nous avons eu beaucoup de peine à nous faire accepter. Nous avons beauCoup ramé. Nous avons même joué pour un mariage. C’était terrible! Personne ne nous écoutait. Nous avons compris ce qu’il faut faire pour capter l’attention du public», dit Roel, l’aîné (24 ans) de DAAU, contraction de «Die Anarchistische Abendunterhaltung».
Ce nom résume parfaitement leur état d’esprit:
«L’anarchie sous-entend que nous n’avons pas de leader, que tout est possible musicalement, aussi bien au niveau de nos compositions que dans la façon d’utiliser nos instruments. Rien n’est fixe, pour ne jamais nous ennuyer. Abend, c’est le soir, le meilleur moment pour jouer. Et Unterhaltung signifie la distraction. Nous avons commencé à jouer par plaisir pur. Si, un jour, nous devions le perdre, la musique n’aurait plus de sens…»
We Need No Animais•, DAM, distr. Sony
Le Matin, 11/07/98